Pierre Boulez, Dérive II ( – 2006)
North American premiere: Nov. 4, 2007 Victoria BC
Pierre Boulez was born in 1925 in Montbrison, France. He first studied mathematics, then music at the Paris Conservatory where his teachers included Olivier Messiaen and René Leibowitz. In 1954, with the support of Jean-Louis Barrault, he founded the “Domaine musical” in Paris – one of the first concert series dedicated entirely to the performance of modern music. As a composer, conductor and teacher, Pierre Boulez has made a decisive contribution to the development of music and inspired generations of young musicians.
Since Boulez began his orchestral piece Figures–Doubles–Prismes half a century ago, he has held the idea of music of long duration – music that would contain within itself continuous expansion. In the last decade, he has completed two such works, sur Incises and Dérive II, each of them lasting about three-quarters of an hour. Dérive II makes its expansion from a set of chords the composer created from the musical notes in the surname of the Swiss patron and conductor Paul Sacher – E flat (‘Es’ in German), A, C, B (‘H’ in German) and E, D (ré in French).
Dérive II is an essay in notions of time that Boulez has drawn from Carter, Ligeti and Nancarrow (not to mention Beethoven, whom he has cited as a model creator of slow music). What comes from the more recent colleagues is the idea of periodicity at many levels – from that of beat to phrase or even section – indeed, at so many levels that the elementary phenomena of pulsation and repetition are often blurred. Characteristic “Boulezian” harmonies appear throughout. Surface activity may be dazzling, surprising, exciting and, at times, graced with humour, the less common trait in this composer’s music. The work proceeds like a river, sometimes dashing through rapids, where the instrumental lines crash against one another and break up, at other times entering pools of harmonic reflection. There are passages where the beat is strong and others where movement is flexible. Small groups of players join in a dance and soloists occasionally emerge to sing. References may range from Debussy to the modern jazz of Boulez’s youth. – Paul Griffiths
Pierre Boulez est né en 1925 à Montbrison, en France. Il a d’abord étudié les mathématiques, puis la musique au Conservatoire de Paris. On compte parmi ses professeurs Olivier Messiaen et René Leibowitz. Avec le support de Jean-Louis Barrault, il a fondé à Paris en 1954 le « Domaine musical » – une des premières séries de concerts entièrement dédiées à la musique moderne. En tant que compositeur, chef d’orchestre et professeur, Pierre Boulez a contribué de façon majeure au développement de la musique et a inspiré plusieurs générations de jeunes musiciens.
Depuis le début de sa pièce orchestrale Figures–Doubles–Prismes, il y a un demi-siècle, Boulez a entretenu l’idée d’une musique de longue durée — musique qui contiendrait en elle-même son expansion continue. Au cours de la dernière décennie, il a complété deux œuvres semblables, sur Incises et Dérive II, chacune durant environ 45 minutes. L’expansion de Dérive II se fait au moyen d’accords créés par le compositeur à partir des notes constituant le nom de famille du mécène et chef d’orchestre suisse Paul Sacher — Mi bémol (‘Es’ en allemand), La (A), Do (C), Si (‘H’ en allemand, Mi (E), et Ré.
Boulez s’est inspiré de Carter, Ligeti et Nancarrow (sans mentionner Beethoven, qu’il cite comme un modèle pour la création de musique lente) pour Dérive II, un essai sur les notions de temps. De ses plus récents collègues, il retiendra l’idée de périodicité à plusieurs niveaux – d’un temps, d’une phrase, ou même d’une section, à tellement de niveaux en fait, que le phénomène élémentaire de pulsation et les répétitions y deviennent souvent flous. Les harmonies « Bouléziennes » caractéristiques y apparaissent tout au long. L’activité en surface peut y être éblouissante, surprenante, excitante, et même parfois contenir une touche d’humour, caractéristique plutôt rare dans la musique du compositeur. L’œuvre s’écoule comme une rivière, bondissant parfois dans des rapides, où les lignes instrumentales s’entrechoquent et se détruisent, et entrent parfois dans de calmes étendues de réflexion harmonique. Certains passages ont un rythme appuyé, alors que d’autres un mouvement plutôt flexible. De petits groupes d’instrumentistes se joignent dans une danse, les solistes émergeant occasionnellement pour chanter. Les références vont de Debussy au jazz de la jeunesse de Boulez. — Paul Griffiths